Chardin est un artiste emblématique de la peinture française du XVIII e siècle, aux côtés de Watteau, Fragonard, Boucher et David. Dans ce « big five » il se démarque, se différencie de façon remarquable. Il ne subit pas d’influence, ni de ses contemporains, ni de ses prédécesseurs et hisse le genre de la nature morte situé au rang le plus bas de l’Académie à un niveau de spiritualité encore jamais atteint. Ici, dans ce Panier de fraises des bois, il montre l’éternité à travers la beauté de la création, et non le caractère éphémère et périssable des choses comme le faisaient les peintres de nature morte avant lui.

Il y a quelques années encore, les figures de Chardin étaient les plus recherchées et les mieux récompensées en salle des ventes. Aujourd’hui c’est une nature morte, genre considéré comme mineur par l’Académie à l’époque, qui établit un triple record : record mondial pour Chardin, record de vente pour un tableau du 18ème siècle français, et record pour un tableau aux enchères pour le cabinet Turquin battant de justesse le panneau de Cimabue qui s’était envolé à 24.180.000 € en 2019 à Senlis. 

Parmi les 142 œuvres réunies pour cette exposition universellement célébrée par le monde de l’art, Pierre Rosenberg accorde au Panier de fraises des bois une place particulière. Il estime que « Chardin s’est ici dépassé. Que la franchise de l’accord blanc et rouge, à la fois audacieux et raffiné, rend l’œuvre inoubliable ». Pour l’académicien, « c’est une de ses plus belles natures mortes ».